Pink Floyd - Atom Heart Mother

Publié le par Roro

P I N K  F L O Y D
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A T O M  H E A R T  M O T H E R


Tracklist: 01. Atom Heart Mother -- 02. If -- 03. Summer '68 -- 04. Fat Old Sun -- 05. Alan's Psychedelist Breakfast
Critique rédigée par Roro




Loin, très loin des albums emblématiques et indispensables des Pink Floyd représentés par les succès commerciaux que sont "The Dark Side of the Moon", "The Wall" ou "Wish You Were Here", l'on retrouve au sein de la discographie floydienne des œuvres moins connues car au succès plus discret. "Atom Heart Mother" en est la parfaite illustration ou comment, en près de 50 mins de musique, monter une oeuvre unique et inattendue qui est, finalement, un fait d'arme des Pink Floyd tout aussi indispensable...


Et c'est avec le titre Atom Heart Mother que débute l'album. Peut-être l'un des morceaux les plus longs du répertoire Pink Floydien: près de 24 mins. En écoutant cette chanson éponyme, le premier sentiment qui m'a traversé l'esprit est qu'une œuvre à la richesse inégalable et à l'ingéniosité diablement génial était en train de traverser mes oreilles. Tout au long de ces 23 min et 44 secondes, l'auditeur averti retrouvera pour son plus grand plaisir une succession de fresques musicales toutes plus épiques les unes que les autres, un véritable étalage de créativité poussée à l'extrême des limites fixées par notre subconscient, une démonstration technique. Du grand, de l'immense Pink Floyd, tout simplement. Au programme: trompettes en tête pour ce qui concerne l'intro. Puis arrive une mélodie entêtante. Une mélodie digne d'une bande originale de films des meilleurs westerns spaghettis de Sergio Leone: on s'imagine un certain Clint Eastwood, alors plus jeune, vêtu d'un poncho et d'un chapeau, clope au bec. Après avoir, au bout de deux heures et demi de film et de dialogues soutenus, tué tous les méchants, il s'en irait au loin dans le désert chevauchant son étalon lentement mais sûrement pour rejoindre la prochaine ville qui se présente à lui et ainsi faire face à son destin. Bref ... Puis après cet intermède où violons, trompettes etc. ... se succèdent arrivent des claviers au son proche des Deep Purple ou de The Who. David Gilmour s'autorise quelques envolées à la guitare. Des chœurs arrivent et nous sortent un son tendre à l'oreille que l'on délecte calmement. Le tout monte en intensité, en une puissance que je ne m'imaginais même pas découvrir dans ce que l'on pourrait sobrement appeler une chorale. La batterie vient se rajouter à cette mélodie déjà prenante, toujours avec ces chœurs comme seule et unique trace vocale. A ce moment on se retrouve perdu au beau milieu de cette imaginaire fantasmagorique de quatre simples mecs qui veulent faire leur musique comme ils la voient et qui ont eu la merveilleuse idée de partager leurs expériences musicales. Tout s'arrête et l'on retrouve des sonorités auxquelles les Floyd nous avaient plus habitués, Gilmour s'envolant encore et toujours avec un fond de claviers au son ressemblant plus que jamais à celui des acolytes de Roger Glover. Puis comme dans toute merveilleuse chanson des Pink Floyd qui se respecte: tout part en vrille. Les chœurs refont leur apparition, les trompettes et autres instruments sont toujours présents. Et revient ce thème langoureux auquel on a déjà pu profité tout au début du morceau. A ce moment, notre subconscient voit apparaître les prémices du paradis. Tout s'arrête à nouveau, des sonorités et mélodies viennent s'entremêler pour faire ce qui ressemble à un gros "broua" musicale (pour ne pas employer le mot "bordel" bien que l’on se rapproche plus de ce terme, même si je n'ai jamais goûté à un bordel aussi agréable depuis). On peut même déceler un semblant de parfum de "The Wall" mélangé à la puissance d'un "Echoes" (de l'album Meedle). Tout explose, et ce thème entêtant et subjugant au possible (mais si: celui à la western spaghetti) vous emmenant directement au paradis refait une énième fois son apparition pour notre plus grand bonheur.  Encore une fois tout s'arrête, le violon s'autorise un petit solo. Et la guitare de Gilmour s'envole encore plus que jamais, supplanté par les autres instruments qui vous hérissent les cheveux sur la tête. Enfin tout se coordonne: chœurs, trompettes, violons, et ce thème à la western spaghetti qui revient une dernière fois montrer sa maestria dans un final qui vous laisse coi. Après ce morceau, on se sent échappé. Notre subconscient nous a matérialisé une idée du paradis mais il reste inaccessible, tel un mythe. Pour l'anecdote: Stanley Kubrick aurait demandé au groupe d'empreinter cette chanson pour le film "Orange Mécanique" mais le groupe a refusé. Après avoir vu le film, Roger Waters a déclaré avoir regretter cette décision.
If officie en tant que deuxième chanson de l'album, et c'est Waters qui nous offre son joli timbre de voix sur un morceau où les arpèges se succèdent sans cesse sur une guitare acoustique. Basse, guitare électrique, piano puis batterie viennent petit à petit se rajouter. Gilmour se "contente" de faire sangloter sa guitare. Très beau morceau que ce If, qui nous permet de nous remettre calmement des émotions reçues suite au premier morceau. Pour ne pas casser le rythme "acoustique", c'est un piano qui ouvre Summer '68, cette fois-ci c'est Gilmour qui s'occupe du chant. Alors que l'on croit avoir à faire, de nouveau, à un joli morceau: tout part en vrille. On retrouve avec plaisir la trompette qui fait immédiatement penser à cette mélodie entêtante présente dans Atom Heart Mother (ce même thème à la western spaghetti rabâché quelques lignes au dessus). Morceau assez épatant, avec en point d'orgue d'intensité le refrain qui vient casser le rythme du morceau et qui est suivi miraculeusement par ces airs de trompette qui semblent venu de nulle part mais dont on ne pourrait s'imaginer l'absence.
Fat Old Sun arrive et, tout comme If, fait office d'inhibiteur. On retrouve donc encore un joli morceau où après quelques écoutes attentives on peut véritablement se rendre compte de la maîtrise des Pink Floyd dans le choix des sons, des mélodies. Car Fat Old Sun est, ce que l'on pourrait lâchement qualifier de morceau "simple" des Pink Floyd. Simple mais bougrement efficace. Car la simplicité signifie ici beau riff de guitare, basse et percussions intelligentes, le tout saupoudré d'une pointe d'effets sonores en tout genre qui rendent ce morceau un et unique et le font sonner comme un tout indéboulonnable. Comme d'habitude, pourrait-on dire, Fat Old Sun est ponctué d'une montée en puissance qui nous surprend. Et c'est sur une longue phase instrumentale, où Gilmour brille par son solo, que vient se clôturer cette chanson.
Enfin Alan's Psychedelic Breakfast vient clore ce tout à travers une dernière élucubration rocambolesque, nous emmenant au cœur ... du petit déjeuner de Alan Stiles, l'un des machinistes (plus précisément le conducteur de bus lors des tournées) des Pink Floyd. On peut donc entendre des bruits tel que la rencontre entre les céréales et le bol, Stiles mâchant ces mêmes céréales tout en parlant par-ci par là. Le tout entrecoupé de séquences instrumentales des Pink Floyd alternant leur apparition au premier ou au second plan. L'une des parties comprenant la bagatelle de trois guitares est entièrement assurée par David Gilmour himself. De quoi clore pas trop brusquement un album très riche.

          La note de Roro                    

91%
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Conclusion
Avec cet album, les Pink Floyd nous montrent bien qu'ils sont un groupe clé de l'histoire du rock. Pourquoi ? Car ce groupe possède un son unique, inimitable; un son qui les a ancré au sein de l'existence de plusieurs générations. Atom Heart Mother est un exemple parmi tant d'autres: si le son, les différents thèmes abordés que l'on peut ressentir, la succession de fresques imparables ... si tout celà vous atteint, on ne peut plus rien faire. On est attaqué de plein fouet par ce virus ... et on aime ça.


Autres infos: album sorti le 10 octobre 1970, édité chez Emi, durée de l'album: 52min 44sec

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Publié dans Musique

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